Il existe une maladie qui touche plus de 3 millions de personnes en France, une maladie qui peut vous empêcher de parler, de rire, de manger, de travailler, de dormir ou de vous lever le matin, une maladie qui peut vous empêcher de vivre, cette maladie, c’est la dépression.
Ce site vous permettra de mieux comprendre la dépression, de connaître ses symptômes et ses traitements et de savoir où et à qui s’adresser.
L’épidémie de Covid-19 a bouleversé la vie des Français. Certains ont perdu leurs emplois, tandis que d’autres sont privés de toutes relations sociales. Par conséquent, beaucoup ont du mal à se projeter dans l’avenir et sombrent dans la dépression.
Confinements: le cri d'alarme d'une psy sur les «dégâts collatéraux infinis»
FIGAROVOX/TRIBUNE - Dans son cabinet, Marie-Estelle Dupont côtoie au quotidien le mal-être des Français. Cette psychologue clinicienne s'inquiète pour leur santé mentale à court et long terme.
Par Marie-Estelle Dupont
Publié , mis à jour
Marie-Estelle Dupont, psychologue clinicienne et psychothérapeute. Elle a publié «Se libérer de son moi toxique», aux éditions Larousse et «Découvrez vos superpouvoirs chez le psy», aux éditions Eyrolles.
Il y a eu les premières images. Puis le mot pandémie est réapparu dans notre vocabulaire. Le 16 mars. La fermeture des restaurants, le premier confinement la fleur au fusil, sans imaginer que ce qui devait durer quelques semaines durerait presque deux ans. Patatras!, le coronavirus nous a rappelés collectivement, tous azimuts : la mort, la finitude, la vulnérabilité, l'état de l’hôpital, l'inertie bureaucratique, l'incertitude, le risque, les limites, la façon dont la peur précipite souvent le danger. Et de rideaux baissés en municipales maintenues, de masques FFP2 en couvre-feu, d'état d'urgence en lieu et place de l'article 16, d'attestations en stratégie vaccinale, la déconfiture s'est muée en Berezina psychologique pour nombre d'entre nous.
Peut-on exprimer son désarroi sans risquer de se faire répondre « ça va bien aller ! », « de quoi te plains-tu, t’as encore un boulot » ou le classique « imagine ceux qui ont connu la Seconde Guerre mondiale » ? Ces injonctions à voir le bon côté des choses partent d’une bonne intention, mais si elles contribuaient aussi à invalider ce que ressentent les gens qui ne vont pas bien durant la pandémie ? Peut-on avouer qu’on va mal sans se sentir jugé ? En pleine deuxième vague, alors que l’anxiété grimpe, la question se pose : avons-nous vraiment réussi comme société à créer un espace sécuritaire pour parler de santé mentale ?
NATHALIE COLLARD LA PRESSE
Si vous vous baladez sur les réseaux sociaux (un des rares endroits qu’on peut visiter après 20 h), vous avez peut-être été témoin d’un échange qui ressemble à ceci : une personne exprime un doute sur une décision du gouvernement qui brime sa liberté (aller marcher avec quelqu’un, par exemple), ou se plaint qu’elle en a marre du confinement, et bang ! trois ou quatre « amis » lui répondent : « Ben voyons, compte tes privilèges, tu as un toit, trois repas par jour, pense à ceux qui n’ont rien ! »
Bien sûr, la personne qui répond veut bien faire en tentant de relativiser la gravité de la situation. Mais contribue-t-elle sans le vouloir à invalider le désarroi de l’autre ? « Il y a une différence entre critiquer et exprimer son désarroi, note la psychiatre Marie-Ève Cotton. C’est complexe. Quelqu’un qui exprime une douleur souhaite se faire reconnaître. C’est vrai que tout le discours sur les privilèges peut contribuer à culpabiliser une personne qui ne va pas bien malgré son confort, son boulot, etc. »
Les réseaux sociaux ne sont pas l’endroit à privilégier lorsqu’on ne va vraiment pas bien, rappelle la psychologue Georgia Vrakas. « Il existe des lieux – lignes d’écoute, bureaux de psy, etc. – plus aptes pour ça », souligne-t-elle. Mais la réalité, c’est que les gens se tournent souvent vers ces réseaux virtuels, à la recherche d’une tape dans le dos ou d’un mot d’encouragement qu’ils ne trouvent pas toujours.
Ce n’est pas négatif de focaliser sur le positif, mais il ne faut pas être dans le déni non plus.
Georgia Vrakas, psychologue
« Il y a de plus en plus de gens qui expriment que ça va moins bien et qui ont besoin d’aide. Si un travailleur à la maison dit qu’il trouve ça difficile, se faire répondre que le télétravail est un privilège minimise l’ampleur de la détresse qu’il vit », observe Georgia Vrakas.
« Je pense que derrière les injonctions à voir le côté positif des choses, il y a une grande peur que les gens ne suivent pas les consignes, suggère pour sa part la psychiatre Marie-Ève Cotton. Les gens deviennent crispés à mesure que le temps passe, ça explique peut-être que les critiques et les commentaires plus négatifs soient parfois accueillis ainsi. Pendant ce temps, il y a des gens qui recherchent une résonance empathique à leur douleur. »
La presse La détresse plus criante chez les jeunes adultes
Les Québécois de 18 à 24 ans sont nettement plus nombreux que leurs aînés à présenter des signes de détresse, d’anxiété et de piètre santé mentale, montre une nouvelle enquête de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
ARIANE KROL LA PRESSE
Plus d’un jeune adulte sur trois affiche un score de détresse psychologique problématique (39 %), montre des symptômes d’anxiété modérée à sévère (38 %) et qualifie sa santé mentale de mauvaise ou passable (34 %).
La situation des 18-24 ans est nettement plus criante que celle de leurs aînés. Même chez les 25-44 ans, l’autre groupe d’âge le plus touché, moins du quart (23 %) montrent les mêmes malaises. La présence de ces derniers diminue d’ailleurs avec l’âge et, à partir de 60 ans, se manifeste chez moins de 10 % des répondants.
La privation d’activités sociales, très importantes pour les jeunes adultes, y est pour beaucoup, explique la psychologue Georgia Vrakas.
Que ces signaux soient nettement plus marqués chez les étudiants à temps complet n’étonne pas non plus cette professeure au département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), qui rappelle que les étudiants n’ont pas tous un espace de travail adéquat ou une connexion internet appropriée.
Antidépresseurs et pandémieVraiment dur sur le moral
La pandémie pèse lourd sur la santé mentale des Québécois. La prescription d’antidépresseurs a augmenté deux fois plus vite en 2020 que pendant les 15 dernières années en moyenne dans la province.
ANTOINE TRUSSART LA PRESSE
Selon les données fournies par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), 402 835 personnes qui adhèrent au régime public d’assurance médicaments se sont fait prescrire des antidépresseurs en octobre 2020.
Depuis le début de la pandémie, le nombre de personnes recevant ces médicaments a augmenté de 7 % par rapport à 2019. Les derniers mois de 2020 ont été particulièrement difficiles, avec des hausses de plus de 8 % pour les mois de septembre, octobre et novembre, le dernier mois complet pour lequel on dispose de données. La hausse annuelle est de 4 % en moyenne depuis 15 ans.
L’année 2020 a été particulièrement difficile pour les 65 ans et plus qui sont près de 10 % plus nombreux à avoir reçu ces médicaments depuis le début de la pandémie par rapport à 2019.
« Ce que j’ai observé, c’est une augmentation drastique du nombre de consultations pour des problèmes de santé mentale, indique Sarah Lemelin, médecin de famille dans une clinique de l’est de Montréal. Mes collègues et moi, on finit nos journées brûlés parce qu’on voit beaucoup plus de patients en détresse que d’habitude. »
Le confinement, les pertes d’emplois, la perte des liens sociaux et l’incertitude face à l’avenir sont tous des facteurs qui ont joué sur la santé mentale des Québécois en 2020 et qui devraient continuer de le faire en 2021, alors que le gouvernement Legault vient d’annoncer l’imposition d’un couvre-feu sans précédent.